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Plein les yeux 2010

15 février 2011

Le mot de la fin

Traversée des fuseaux horaires
Nous courrons après le temps
Notre avion vole à 900km, nous ne sommes jamais allés aussi vite que pour rentrer

Je les entends déjà : « Alors ce voyage ? »
A l’époque, ils le comparaient à une grossesse

J’ai envie d’une cigarette

Liberté, liberté chérie
« Et si le luxe c’était l’espace ? », disait la pub

Mon esprit qui s’envole
Plus aucune contrainte que celles que je m’impose
A period of grace

Une chanson de Sufjan Stevens

Mes chaussures de randonnées sont restées là-bas

Retour sous la neige.
On a bien cru qu’on ne rentrerait pas

J’ai pleuré, je crois que j’ai peur

"Wasted hours before we knew,
Where to go and what to do
Wasted hours that you may knew
Turn into
Life that we can live”

Dans l’avion je n’ai pas dormi

C’est comme ça, c’est la vie !

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15 février 2011

Buenos Aires

Boulimie à Buenos Aires.

Nous nous goinfrons de nos derniers moments. De cafés en restaurants, d’heladerias en parilladas. Chaque soir nous engloutissons une bouteille de vin.

Peut-être parce que la ville nous a un peu déçus de prime abord. Il ne faut jamais trop idéaliser un endroit.
Peut-être aussi pour noyer notre chagrin. Ce sont nos 5 derniers jours à rêver.

C’est comme si notre esprit flottait en suspension entre la tristesse et la curiosité.

Une nouvelle étape c’est toujours une nouvelle expérience, et avec le temps nous apprenons à apprécier Buenos Aires. Son climat chaud, ses terrasses remplies de citadins profitant du soleil, le laisser aller soigneusement étudié de Palermo Viejo. C’est là que nous résidons, dans ce quartier bo-bo qui finalement nous va bien. Entre les façades de couleurs et les plantes qui sautent par-dessus les murs, parmi les librairies débordantes de livres, et les boutiques de créateurs argentins.

Nous passerons cinq jours à errer plus qu’à visiter. Nous essayons de programmer les visites de la journée, mais la motivation n’est plus là. Nous traînons dans les rues et presque par hasard on se retrouve au cimetière de la Recoleta, à se perdre dans la multitude de ses caveaux, majestueux, parfois surfaits. Nous nous obligeons presque à aller au musée des Beaux Arts, dont les collections sont pourtant bien fournies.
Alors que nous partons voir du polo nous nous retrouvons aux courses, au milieu des parieurs fébriles et des étalons survoltées.

Nous longeons les grandes artères, et leurs architectures éclectiques, de l’Haussmann parisien aux buildings newyorkais. La plus grande d’entre elle, l’Avenida 9 de Julio, avec 12 voies de circulation, donne presque le tournis.
Visite obligatoire de la Plaza de Mayo, il ne reste plus beaucoup de mères à en faire le tour. En face, la Casa Rosada, siège de la présidence, nous rappelle les funérailles sans fin de Nestor Krichner. Sur les côtés, la Catedral et le Cabildo évoquent les meilleures heures de l’occupation espagnole. Plus loin le Congrès ressemble étrangement à son homologue de Washington. Puerto Madero, cet ancienne zone portuaire réhabilitée en quartier des affaires, nous rappelle que bientôt il faudra renfiler chemises et cravates uniformes et rejoindre des bureaux.

Au bout de notre lassitude, nous n’allons pas à la Boca, le quartier du port et des canailles. Nous tenons trop à tous nos souvenirs pour ne pas nous les faire voler, si près de notre retour.

Buenos Aires n’a pas eu de chance. Dernière étape de notre voyage elle annonçait la fin. Nous avons essayé de nous y plaire, mais notre esprit était ailleurs. Comment faire autrement quand vous savez qu’il vous faut rentrer?

18 décembre 2010

Puerto Natales et Torres del Paine

Ce soir il fait froid, et nous sommes encore trempés. Dehors c’est la tempête de neige, nous avons fait notre possible pour rentrer et protéger nos affaires dans la tente, en espérant ne pas la retrouver, comme ce matin même, pleine de neige. Anneso a le moral dans les chaussettes et Clément feint de rester positif tout en cherchant un plan B. Cela ne fait pourtant que deux jours que nous sommes partis, et il nous en reste au moins cinq pour boucler le tour des Torres del Paine.

A peine partis, nous étions déjà mis au défi. Nous sommes arrivés avec non pas un, mais quatre cars remplis de touristes fraîchement convertis en randonneurs. Une fois débarqués nous avons fait la queue pour payer notre entrée au parc national (15 000 pesos qui s’ajoutent aux 15 000 déjà payés pour le bus, à ce prix là on espère une randonnée de luxe). Puis nous nous sommes mis en route.

Au bout de 15 minutes il pleuvait déjà. Deux heures plus tard la pluie s’était transformée en tempête de neige. Et la neige n’a pas cessé de tomber jusqu’au lendemain matin, où nous avons découvert qu’en dehors du bois qui nous abritait, il était tombé 10 cm d’or blanc. Suivi une journée toute patagone : un ciel couvert qui nous permis malgré tout d’apercevoir les Torres, puis de la neige et de la pluie, une heure de grand vent qui nous sécha totalement, pour finir par une dernière averse. Nous nous voyons difficilement tenir ce rythme encore 5 jours, notre plus grand souci étant de rester sec pour la nuit (un luxe qui n’était apparemment pas inclus dans le prix d’entrée au parc).

Nous avons d’autant plus de mal à garder le moral que nous savons que nous sommes dans ce qui est réputé pour être le plus beau parc de Patagonie. Mais aussi, sûrement, parce que nous entamons le dernier trek de notre tour du monde. Une fois de plus nous prenons conscience que notre situation est totalement dépendante de facteurs qui nous échappent totalement : les forces de la nature. Avec le temps, nous avons appris la patience et l’abnégation, des valeurs bien démodées. C’est pourtant ce qui a transformé les petites choses de notre vie en d’immenses bonheurs. Ainsi les cinq jours de beau temps qui ont suivi ont été reçus comme un don du ciel. Au lieu d’avoir la tête enfoncée sous notre capuche et les yeux rivés sur nos pieds, marchant comme des bourriques jusqu’au prochain bivouac, nous avons la tête en l’air et nous nous arrêtons toutes les cinq minutes pour faire une pause photo.

Nous ne regrettons vraiment pas d’être venus (étant donné l’affluence dans le parc, Clément avait un temps pensé à remplacer ce trek, par le trek le plus austral au monde, où là c’est certain, il n’y avait pas un chat). Las Torres nous offre l’incroyable : des tours de granit aux parois vertigineuses, des lacs dont la couleur change au gré des caprices du ciel, des glaciers qui se prennent pour des océans, et même des impressions de bout du monde. Ce que nous voyons nous fait oublier l’inconfort, le froid, le vent, le pâté dans des boudins de plastique et les chaussettes qui puent.

Notre trek nous emmène notamment au glacier Grey. Une mer de glace (le titre est ici totalement mérité) qui se jette dans un lac couleur d’opale. La masse est impressionnante. Elle s’étend sur plusieurs kilomètres de large et des dizaines de kilomètres de long. Nous avons l’impression de revoir la Terre à l’époque des grandes glaciations. Ce que nous observons en réalité c’est le Hielo Continental Sur, le même que celui que nous admirions du haut de l’Aguja Guillaumet, quelques centaines de kilomètres plus haut. Un désert glacé, alimenté par les pluies du Pacifique, lorsque les masses nuageuses viennent s’échouer sur les Andes.

Au refuge Dickson, c’est le Canada. Nous sommes au bord d’un grand lac, bordé d’une immense forêt. Au loin les cimes enneigées sont régulièrement enveloppées par les nuages, mais laissent dépasser leur langues glaciaires qui viennent plonger dans le leac. Une fois de plus nous nous sentons tels des aventuriers partis à la découvertes de terres oubliées.

Je crois que le fait de savoir que c’est notre dernier trek, que pour la dernière fois nous foulons le sol de Patagonie, nous fait vivre chaque moment à fleur de peau. Nous nous sentons profondément libres et emplis de bonheur. C’est avec le coeur brisé des amoureux qui se séparent que nous prendrons le bus pour Puerto Natales.

8 décembre 2010

Fast News #8

En plus d'etre addictif, de donner de mauvaises idees, de faire peur aux parents et de trouer votre compte en banque, le voyage est vicieux.

Alors qu'il ne nous reste plus que 2 semaines, il semble offrir le meilleur: des paysages grandioses, des aventures hors du commun, des rencontres sympathiques, des plats delicieux. Quelle ironie du sort nous fait vivre si intensemment a 15 jours de la fin? Serait-ce la meme que celle qui fit avoir a Clement une entorse, un mois seulement apres notre depart? Sans etre surperstitieux, ni croire au destin, nous ne pouvons nous empecher de voir la un signe fort. Et nous ne pouvons nous empecher de nous demander: a quand le prochain voyage?

Nous n'allons pas jouer la provocation, car de toutes facons nous n'avons pas (ou plus) les moyens de provoquer grand chose. Mais la question reste posee. Dans l'attente d'une reponse, nous nous efforcons de profiter a plein de chaque instant.

Et pour cela il nous faut faire des choix: notre temps et notre argent nous sont comptes, nous ne pouvons tout faire. C'est pourquoi nous n'irons pas a voir le glacier du Perito Moreno, le plus grand de la planete. Les horaries de bus ne nous permettaient pas d'avoir suffisamment de temps pour parcourir le parc de Torres del Paine au Chili (nous avons appris la lecon, en Patagonie, il faut se donner des jours de marge, pour le mauvais temps). Et puis d'ailleurs, nous n'irons pas non plus a Ushuaia, voir les baleines a la Peninsule Valdes, ou aux chutes d'Igazu.

On vous entend deja demander: mais qu'ont-ils fait en Argentine? Ne vous inquietez pas, ce que nous avons fait, ce que nous avons vu, ceux que nous avons rencontres, nous laisserons des souvenirs pour toute une vie.

6 décembre 2010

Nous sommes fiers de vous annoncer un heureux evenement !!!

Etant donne l'ampleur de l'evenement, l'auteur de ce texte sera, pour la premiere (et la derniere) fois different.

Apres 13h d'effort intense nous avons foule le magnifique sommet de l'Aguja Guillaumet, une aiguille voisine de celle du Fitz Roy!!!

Tout avait pourtant mal commence:

Previsions meteo desatreuses, defaillance physique, defaillance materiel, moral dans les chaussettes...

Arrives a El Chalten le 26 novembre avec un ciel sans un nuage et 4 jours d avance afin de maximiser nos chances de reussite, nous patienterons finalement 8 jours avant la gloire!!!

L'ambiance etait pourtant lourde dans le petit village d El Chalten. Trois personnes (un guide, un assistant et un client mexicain), partis pour 10 jours sur le plus grand glacier continental au monde (Hielo Continental Sur) lance un appel radio d'urgence dimanche dernier afin de signaler leur position et de demander de l'aide. Leur tente vient d'exploser sous les coups des rafales et leur equipement s'est envole. Se trouvant dans une region reculee du glacier, ils savent que les secours ne pourront pas les rejoindre avant 2 jours, et si le temps n'est pas trop mauvais. Dans un tel environnement, le risque d'hypothermie est grand et les alpinistes vont devoir faire preuve d'un courage hors du commun. A El Chalten, tout le monde essaie de comprendre ce qui a pu se passer pour que la cordee, pourtant menee par Merlin le guide le plus experimente du massif du Fitz Roy, se retrouve dans une situation si critique ou les heures sont comptees. Immediatement la petite communaute des grimpeurs s'organise pour faire partir la premiere equipe de secours le jour meme. Nous avons l'impression de revoir les images d'un reportage que nous avions vu sur l'affaire Vincendon et Henry, deux alpinistes (un parisien et un belge) en difficulte lors d'une ascension hivernale au mont blanc dans les annees 50. Une situation tres similaire ou les 2 etaient morts a portee de jumelle de tous les habitants de Chamonix apres une semaine d'attente interminable dans le froid, dans la neige, trempes, sans nourritures et sans materiel. A attendre que les secours s'entendent sur l'organisation du sauvetage de ces 2 alpinistes non savoyards.. Cet evement avait suffisament marque les esprits pour faire naitre quelques annees plus tard le PGHM a Chamonix, qui est aujourd'hui reconnu dans le monde entier pour son professionnalisme. La situation des secours en Amerique du Sud est tres differente de celle que nous connaissons aujourd hui en France. Ici aucun secouriste professionnel, des communications tres difficiles (aucune couverture du reseau telephonique, reseau satellite souvent brouille), des vallees accessibles seulement a pieds et peu de materiel. Il y a pourtant un helico a la gendarmerie, mais ici les gens savent qu'il ne faut pas compter sur son intervention. Les seules personnes sur qui compter sont les 5 guides de haute montagne, les assistants, les porteurs et les grimpeurs etrangers. Apres deux nuits seuls, les trois malheureux sont rejoints par la premiere equipe partie a leur recherche, qui leur apporte du materiel, des vetements, de la nourriture. Ils trouveront malheureusement le client mexicain dans un etat d'hypothermie avancee (il decedera quelques jours plus tard dans sa prison de glace). Merlin et son assistant sont faibles mais leurs vies ne sont pas en danger. Une semaine apres l'appel radio, ils ne sont cependant toujours pas de retour. L'helico ayant une fois de plus refuse de decoler samedi alors qu'il n y avait aucun vent, aucun nuage, rien... incomprehensible. Nous esperons que cet evenement tragique fera prendre conscience au gouvernement argentin de l'ampleur de ses responsabilites...

Apres tout cela, la suite de notre propos vous paraitra legere et futile. Nous tenions neanmoins a mentionner cet evenement puisqu'une fois de plus il nous a touche et nous a rappele de tres mauvais souvenirs.

Afin de calmer notre impatience et en attendant le bon creneau meteo, nous agrementons nos journees de petites ballades dans le parc de los Glaciares, de grimpe sur les falaises et les blocs surplombants El Chalten et de siestes. Puis, alors qu'il ne nous restait plus que trois jours dans le massif du Fitz Roy et que nous desesperions de voir le ciel se degager, notre guide, Manuel, nous avertit que le bon jour est peut etre pour apres-demain, entre 2 jours de tres mauvais temps. Les vents annonces sont cependant trop forts pour nous laisser tout espoir d'aller au sommet de l'Aguja Guillaumet mais au moins nous pourrons faire la goulotte (s'il ne neige pas trop d'ici notre arrivee). Nous nous retrouvons donc vendredi 3 decembre et partons avec nos charges (27 kg pour Clement et 22 kg pour Anneso) sous la pluie et le vent en direction du camp de base a 5h de marche. Les deux premieres heures de marche se font sur un chemin relativement facile et a l'abri du vent. En revanche, les heures qui suivent se deroulent sur un terrain assez pentu, instable ou nous sommes des proies faciles pour les rafales venant du Hielo Continental. La tempete s'installe, nous obligeant a trouver un camp de repli rapidement pour ne pas tremper tout notre equipement et surtout pour pouvoir installer la tente un peu a l'abri du vent, au risque de la voir se desintegrer. Nous trouverons donc refuge sous un gros bloc de granit qui n'offre de la place que pour une tente et non pas deux. L'endroit sera vite rebaptise "Campamento Mierda". Nous dormirons donc a trois dans notre petite tente deux places. Apres une bonne soupe, des pates et du mantecol, nous nous mettrons bien au chaud dans nos duvets avec pour objectif de partir le lendemain matin des que les vents seront tombes. Manuel s'est leve toutes les heures a partir de 2 heures du matin pour guetter la fenetre meteo et pour finallement se laisser tomber de sommeil. Ce n'est qu'a 8h30 que nous rouvrirons les yeux sur un ciel tout bleu et sans une once de vent !!! (la grasse matinee de l'alpiniste). Nous mangerons un bon petit dejeuner (et re-Mantecol!) et ce n'est que vers 10 heures que nous prendrons la direction du col Guillaumet. A present le programme de la journee est relativement simple: aller aussi loin que possible en fonction des conditions de neige mais en etant conscients que la partie est un peu jouee d'avance (maudit reveil tardif...). Nous repartons sur le chemin de la veille en passant au bout d'heure par le camp de base ou nous aurions du passer la nuit. A 13h, apres deux heures de marche un peu plus active et quelques passages dans un terrain mixte relativement aise, nous rejoignons le col Guillaumet d'ou se degage une magnifique vue sur la vallee d'El Chalten. La premiere bonne nouvelle est que nous decouvrons des traces fraiches qui vont considerablement nous faciliter la tache dans le metre de neige tombe de la veille. La deuxieme bonne nouvelle, c'est que la rimaye est plutot bien fermee. La troisieme bonne nouvelle, a la sortie des 300m de goulotte nous retrouvons la face ouest, habituellement balleyee par les vents glaces et rugissant du Hielo Continental, et tout est calme. Nous retrouvons une cordee d'americains et une autre d'allemands (chaud patate puisque parti le matin meme d El Chalten et prevoyant d'y rentrer le soir meme...), surpris de nous voir arrives a une heure si tardive. Apres un echange rapide (hola, que tal, como esta el viento arriba? - nothing - really? incredible! - no - amazing!!! ciao), Manuel fait une breve revue des troupes ("toujours chaud patate?""si, si calientes papas!""entonces vamos, vamos, vamos!!!") parce qu'en cas de pepin les courageux secouristes ne sont pas disponibles. De plus, de gros nuages font leurs apparition a l'ouest et avancent rapidement dans notre direction. Parfois il faut tenter sa chance (et comme nous ne l'avions pas fait a 2, 3, 5 et 6h ce matin, ca devait etre maintenant). Nous debutons donc les longueurs d escalade rocheuse avec les chaussures d'alpinisme aux pieds rendant notre progression malaisee. Apres deux longueurs difficiles pour Anneso, qui nous fera son habituel craquage au mauvais moment, nous troquons les "grosses" pour les bons vieux chaussons afin de nous sentir a l'aise dans le magnifique diedre un peu aerien de la derniere longueur. Enfin nous changerons une derniere fois nos soulliers pour rechausser nos crampons afin de gravir la derniere partie en neige jusqu au sommet de l'Aguja Guillaumet. Il est 18h et apres 8h d'effort nous sommes ravis et remplis d'emotions en admirant le panorama. Nous pouvons presque toucher le Fitz Roy, enfin decouvrir le Cerro Torre et nous laisser nous imaginer partir a ski sur le Hielo Continental. A notre grand regret, nous ne pouvons cependant pas nous apesantir trop longtemps sur la premiere partie de la journee, il nous reste 8 rappels a tirer avant de sortir des difficultes et en depit de notre exitation c'est maintenant ou il faut etre concentre pour ne pas commettre d'erreurs.

La descente sera rapide, une fois revenue sur la terre ferme, nous avons presque couru jusqu'a notre bivouac. A 22h15 les dernieres lueurs du jours nous permettent de plier la tente et les affaires, et de continuer notre route jusqu'au campement de la Piedra Fraile ou nous savons que nous serons a l'abri du vent (grand luxe!). Arrives en bas a 23h30, nous sommes contents de voir la journee se terminer. Nous posons la tente, dinons et au dodo! Au final la nuit ne sera pas si bonne, les rafales ont fait un bruit incessant, et nous nous reveillerons sous la pluie et le vent. La Patagonie nous confirme qu'elle nous a fait une grosse faveur la veille. Il ne nous reste plus que deux heures d'une marche "regeneratrice" comme l'appelle Manuel, mais les cuisses metteront surement beaucoup plus de temps que deux heures pour se regenerer. Nous rentrons a El Chalten comme une expedition rentre a la maison. Et la version argentine de la fondue - tartiflette sera pour nous un bife de chorizo bien jugoso et une pizza roquefort suivi d'une delicieuse glace.

Ce soir, plus que jamais, nous ne voulons partir. Comme a chaque fois, mais celle-la plus que toute autre, nous avons l'impression d'avoir vecu le meilleur moment de notre voyage. Nous sommes remplis de ce contentement de l'andiniste qui a accompli son reve et vu son paradis.

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24 novembre 2010

Cerro Castillo

On n’arrive pas à Coyhaique par hasard. Ce n’est pas le genre d’endroit où l’on vient se perdre, flâner dans les rues, visiter le temps d’un weekend. Pour y arriver il faut soit, comme nous, prendre le ferry pendant 24 heures, soit venir par la route australe, avec les transports erratiques que cela suppose.

En arrivant sur place on découvre une ville presque nordique, aux maisons toutes en bois et peintes de différentes couleurs, aux rues toutes propres, mais toutes vides, au peuple à la peau endurcie (personne ne porte de K-Way, malgré la pluie) mais au cœur fondant. Nous sommes ici dans le Nord de la Patagonie, une région bien plus désertique et sauvage que sa touristique voisine du Sud, quelques milliers de kilomètres plus bas. Ici il y a moins d’un habitant au kilomètre carré, et la lande reste surtout peuplée de courants d’airs.

Le premier soir à notre hôtel, la patronne nous accueille avec une mauvaise nouvelle : il fait beau depuis 10 jours. C’est louche, on nous avait promis les 4 saisons et les 40ème rugissants en une seule journée. Néanmoins nous persistons dans le projet qui est la raison de notre venue ici : le tour du Cerro Castillo. Mais après notre expérience détrempée dans Altos de Lircay, nous prendrons cette fois des précautions : nous allons nous acheter un pantalon imperméable chez ce qui est devenu notre fournisseurs officiel : The North Face. Grand bien nous en a pris. Quand notre mini-van nous déposera au milieu de nulle part pour commencer notre trek, il pleut. En dépit de notre équipement de grande qualité, nous manquerons nous, de la légendaire résistance patagone aux intempéries et mettrons fin à notre premier jour de marche 2 traversées de rivières glaciales et 2 heures de pluie plus tard. Nous déposons les armes devant les 5 autres rivières qu’il nous reste à traverser et devant ce qui s’annonce comme une journée de pluie ininterrompue.

Ce sera pire encore. Après avoir installé notre tente et déjeuner, c’est la neige qui se met à tomber. Elle ne s’arrêtera que le lendemain matin, alors que nous nous sommes armés du plus grand courage pour nous remettre à marcher. La journée qui s’annonce à nous est longue, car il faut rattraper le retard de la veille. A notre grande et heureuse surprise, une fois rentrés dans le Parc National du Cerro Castillo, les rivières se dotent de luxueux ponts de bois, réduisant significativement notre estimation de la durée de la marche du jour. Nous rattraperons rapidement ce qui aurait du être notre bivouac de la veille non loin d’un « mallin », ces prairies détrempées par l’accumulation de l’eau de la fonte des neiges. La fôret débouchera ensuite sur un fond de vallée rocailleux où vient courir un torrent. Au-dessus, la chaîne du Cerro Castillo (le Mont Château) se dresse en une première muraille enneigée. Nous la contournons par la gauche et replongeons rapidement dans la forêt. Avant de tenter une première incursion dans cette place forte, nous prendrons une pause déjeuner de guerriers : pâté, sandwich jambon-fromage et barre céréale. Le régime des combattants, immuable depuis nos premiers treks. L’après-midi nous lancerons notre attaque en profitant d’une faiblesse de la défense : un col enneigé ouvre la voie vers le reste de la chaîne. Armés de guêtres flambant neuves, nous avancerons sans peine dans la neige fraîchement tombée. Le col est si étroit que l’armée d’Alexandre n’aurait pu y passer. De l’autre côté, la redescente nous rappelle que cette année encore, malgré notre envie, nous n’irons pas skier. C’est l’un de ces sacrifices que nous faisons sur l’hôtel du voyage.

Notre second campement n’est désormais plus très loin. Il est installé un peu en amont du confluent de deux rivières, dans les sous-bois. Pour une fois nous pourrons profiter jusqu’à la nuit de pouvoir rester dehors. Depuis midi le ciel s’est éclairci. Jusqu’au coucher du soleil nous jouerons les équilibristes sur un tronc : les plaisirs simples de la nature. Nous reprenons la route au petit matin après notre sempiternel petit-déjeuner : thé, mueslï pour Clément, tartine de dulce de leche pour Anneso. Une heure à peine après notre départ nous découvrons un bivouac jusqu’où nous n’avons pas eu la force de grimper la veille. Nous ne regrettons pas. En dépit de sa position stratégique face à une citadelle de granit et de glace, l’endroit est humide et venteux. En revanche les parois verticales qui lui font face réveillent en nous nos instincts de grimpeurs et nous cherchons déjà dans la roche par quelle voie nous en ferions l’assaut. Plus haut, alors que nous avons laissé la fôret depuis longtemps et que maintenant c’est la végétation qui nous quitte, le terrain se couvre de minéral. Nous arrivons à un lac glaciaire au-dessus duquel est perché un glacier suspendu. Les séracs qui s’accumulent sur le bord de la falaise sont prêts à se détacher et n’attendent que la poussée du glacier pour venir finir leur course quelques centaines de mètres plus bas, dans le bleu clair du lac. Le sol s’est recouvert de rochers, et le chemin devient l’interprétation que nous en faisons d’un cairn à un autre. Inévitablement nous perdons sa trace puis retombons inopinément sur une marque de peinture rouge et blanche. Parfois les indications sont contradictoires : un panneau dans un sens, un cairn dans l’autre. Dans ce cas, plus qu’une seule chose à suivre notre instinct.

En réalité notre démarche ne fût pas si instinctive. Nous sommes des êtres humains après tout. Par conséquent nous avons sortis notre carte et comparé les données topographiques à notre interprétation du paysage. Si, tels des condors, nous avions suivi vraiment notre instinct, nous aurions pressenti les rafales de vent qui nous attendaient en haut du col par lequel la carte nous faisait passer. De notre vie, jamais nous n’avions connu de telles bourrasques. Alors qu’au début nous jouions à défier les lois de la pesanteur en nous penchant en avant et en nous laissant porter par le vent, nous avons vite déchanté. Certaines rafales furent si fortes qu’il fallu presque s’allonger au sol pour ne pas se faire emporter. Anneso fît même une pirouette en l’air, son sac offrant une parfaite prise au vent, et finit sa course encastrée entre deux rochers. A ce stade là, le numéro de voltige ne nous faisait plus du tout rire et notre instinct, de survie cette fois, nous ordonnait de quitter le col au plus vite. Plus facile à dire qu’à faire. Nous sommes au milieu d’un pierrier et devons avancer courbés, voire assis, pour ne pas nous faire emporter. Heureusement après un temps qui parut interminable, nous arrivons enfin à rejoindre la forêt, à l’abri du vent, et à nous remettre de nos émotions.

La suite du trajet sera bien plus calme : nous retrouvons une vallée et longeons une rivière pour rejoindre notre campement. Ce dernier présente l’énorme avantage d’être sous des arbres, à l’abri des bourrasques. Une incursion hors de notre campement vaut néanmoins de courir le risque. Nous sommes installés au beau milieu d’un cirque. Nous avons réussi notre quête et sommes au milieu de la forteresse du Cerro Castillo.

Le dernier jour pour terminer notre trek et rentrer à Coyhaique, dame nature ne nous épargnera pas : nous sommes chassés par la pluie, et comme à l’accoutumée, elle ne cessera de tomber jusqu’à ce que nous ayons rejoint Villa Cerro Castillo, où nous devons reprendre le bus. Même si nous pressons le pas, nous arriverons bien évidemment trempés après 3 heures de marche et nous nous jetterons dans le premier refuge trouvé : deux bus collé l’un contre l’autre et transformé en « diner » à l’américaine. L’accueil est chaleureux, le sandwich roboratif et notre place stratégique : de là nous pouvons observer au sec les bus qui passent. Nous sommes aux aguets car il n’y a qu’un bus par jour et s’il est plein il ne prend pas la peine de s’arrêter. Autant dire que lorsque nous voyons 5 autres personnes s’installer à l’arrêt de bus en face, nous sommes plutôt tendus. Après deux heures d’attente sous la pluie ils déclareront forfait. Dans les 5 minutes qui suivirent un van s’arrêtera justement à notre « diner » pour une pause déjeuner. Il faut vous l’avouer, nous ne sommes pas partis rattraper les 5 autres personnes qui attendaient le bus : à la guerre comme à la guerre !

24 novembre 2010

Traversee Puerto Montt - Puerto Chacabuco

Il y a des endroits qu'on ne veut pas quitter. On s'en éloigne avec une amertume Baudelairienne, ce spleen dont nous savons qu'il ne sera guérit que lorsque nous y reviendrons. A bord du ferry qui appareille de Puerto Montt, le volcan Osorno et le volcan Calbuco pointent encore derrière les buildings comme pour nous reprocher de partir. Ils tenteront de nous retenir jusqu'au dernier moment, profitant des rayons du soleil couchant pour prendre une teinte rosée. Puis, las, laisseront le ciel les recouvrir de nuages.

 

Toute notre traversée du lendemain jusqu'à Puerto Chacabuco se fera sous un ciel bouché et une pluie battante. La mer est sombre, le vent souffle en rafales, le navire tangue. Nous voyageons entre les containers, sur un petit cargo qui fait l'aller-retour régulier entre les deux ports. Peu de gens font le trajet, nous serons seuls dans notre cabine pour quatre. La plupart des gens qui nous accompagnent sont des touristes venus tester le goût iodé de l'aventure sur ce bateau.

 

C'est une journée en noir et blanc qui défile. Une journée où l'on préférerait rester chez soi, dans un fauteuil, une couverture sur les jambes, à lire un bouquin. Une journée délibérément triste. Et pourtant nous abordons un nouveau continent avec beaucoup d’impatience: la Patagonie. Dire que nous rêvions de cet endroit depuis notre départ: ces terres humides et froides, couvertes d'une forêt impénétrable, que viennent faire ployer des vents implacables. Malgré cela nous ne doutons pas que nous trouvions l'endroit extraordinairement beau. Une beauté froide et sauvage que l'on ne trouve qu'aux extrémités du monde.

24 novembre 2010

Chiloe

Chiloé est une île presque aussi grande que la Corse, au sud de Puerto Montt. Elle fait face d’un côté au Pacifique et de l’autre à la côté chilienne et à ses volcans en enfilade. Nous l’avions depuis longtemps mise sur notre feuille de route pour aller voir la mer, manger poissons et crustacés, et changer l’air des montagnes par l’air marin.

Mais au lieu de retrouver l’Ile de Beautée, c’est la Bretagne que nous reconnaissons : notre première journée sur place se fera sous un ciel chargé et une pluie incessante. L’ambiance est triste quand ce n’est pas complètement déprimante. Nous avons beau parcourir l’île avec notre voiture de location, pas un paysage ne nous égaiera, pas un village ne nous mettre du baume au cœur.

La veille pourtant notre escapade s’annonçait plutôt bien. Nous avions pris le bac pour passer du continent à l’île au moment du coucher du soleil. Le temps était si clair que nous pouvions voir au loin les sommets enneigés des Andes. Et la lumière de fin de journée illuminait les bateaux de pêche aux couleurs chatoyantes. Arrivés à l’auberge, la réceptionniste nous avait ouvert la porte de la chambre, face à une immense baie vitrée donnant sur la mer. Mais le lendemain soir nous désespérons de trouver un village et un hôtel qui ne nous donne pas envie de pleurer.

Heureusement si Chiloé est plus facilement comparée à la Bretagne c’est aussi parce que le temps y est changeant. Finalement le soleil daignera pointer quelques rayons et subitement l’île laissera apparaître ses charmes. On découvre les couleurs pastels des maisons, l’athmosphère dans églises construites tout en bois, se réchauffe, la mer étincelle et la vie semble renaître. On voit les pêcheurs partir en mer. Les vaches et les moutons vienent repeupler les pâturages. On s’en va sur la plage chercher quels trésors sont venus s’y échouer. Et on pardonne à Chiloé de nous avoir mal accueillis devant un ceviche et des crustacés.

17 novembre 2010

Ou sommes nous?

16 novembre 2010

Fast news #7

Plus la fin se rapproche et plus le temps semble filer entre nos doigts. Il nous reste a peine un mois. Et pourtant il semble que nous pourrions passer tellement plus au Chili.

Apres avoir connu son cote aride, nous testons son cote humide, nous sommes dans la Region des Lacs.

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Et pour ces derniers jours nous fermons les yeux et profitons a plein. Nous fermons les yeux quand s'approchent les grosses vagues de la riviere Petrohue et que nous savons que tout l'equipage du raft va en profiter. Nous fermons les yeux et surtout ne pensons a rien quand il faut faire un plouf de 10m dans le canyon du Rio Blanco qui descend sur les pentes du volcan Calbuco. Nous fermons les yeux et ecoutons le bruit de l'eau, des mouettes et des lions de mer dans le fjord de Relloncavi. Nous fermons les yeux et respirons l'air pur de la vallee de Cochamo en revant d'etre capables un jour de grimper ses immenses parois granitiques.

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Une semaine a Puerto Varas, notre port d'attache dans la region des lacs. Une semaine qui est passee comme une seconde. Une semaine que nous aurions aime transformer en plusieurs mois.

Nous sommes a Chiloe, la Bretagne du Chili. Demain nous embarquons sur un ferry pour la Patagonie, enfin! D'autres treks (au Cerro Castillo), des ascencions (l'Aguja Guillaumet une voisine du Fitz Roy), de la grimpe pourquoi pas (dans Torres del Paine), et surtout beaucoup de grands espaces. Et puis en une journee le vent, le froid, la neige et la pluie, c'est aussi ca la Patagonie.

En revanche nous n'irons pas a Puerto Williams (sachez que le veritable bout du monde n'est pas a Ushuaia). Il n'y a plus de sieges disponibles dans le bimoteur qui fait le trajet depuis Punta Arenas. Nos espoirs de randonnee autour des cimes dentellees de Navarino, eux, s'envolent.

Le Chili calme nos ardeurs, il faudra revenir...

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